Un témoignage à propos d’un travail en groupe autour de répétition

Bon, installons-nous et évoquons…La répétition, à quoi ça nous fait penser ? L’ennui, la routine, presque l’angoisse, quelque chose vers l’instinct de mort; et puis, la vie, la surprise…

Une répétition de théâtre, on doit bien connaître son texte, et puis le « vivre ».

Un enfant répétait toujours le besoin de coller son dos sur le tapis. Il avait besoin d’être porté, soutenu et petit à petit grâce aux mots et à la relation avec son orthophoniste, il a pu se décoller.

« Dodo, l’enfant do… »

Nous en sommes venues à évoquer ces premiers bercements, les rythmes de la vie intra-utérine.

La répétition, c’est une syllabe qui se répète do do do do do DA…DA est une syllabe qui a surgi instinctivement. C’est parce que j’ai répété plusieurs fois ce petit do, que je me suis installée dans un rythme, que j’ai d’instinct dit un DA plus fort. Je l’ai dit joyeux, faisant longtemps résonner le A. ( Je repense aussi au plaisir des phonèmes dans le « fort Da » dont a parlé R. PERAN).

Les rythmes dans nos séances peuvent rappeler ces rythmes de comptines. L’enfant répète, il fait toujours pareil, ça le rassure, on le respecte. On s’installe dans une routine, et puis quelque chose surgit, un désir nouveau, une parole, un écrit, quelque chose qui se crée.

Ou bien on sature ! On l’exprime : « Bon, là, vraiment, je m’ennuie. Les petites voitures, ça suffit. Il faudrait qu’il se passe quelque chose ».

Un enfant faisait sans arrêt tomber des feutres. Son orthophoniste le respectait. Un jour, elle lui a dit « stop » et a été satisfaite de ce qui a pu se mettre en place par la suite.

En parlant de répétition, nous avons beaucoup parlé de nous, de nos ressentis, de nos limites.

Une ébauche de débat ( classique dans les réunions du secteur médico-social !) : Sommes-nous là pour les aimer ?

Ce n’est pas de l’amour, mais c’est aussi avec nos sensations, nos ressentis et nos limites que nous accueillons les répétitions.

Ainsi, serrées comme des sardines dans leurs boîtes, nous répétons en écho :
Qui sommes-nous ?
Un peu sorcières ?
Ne sommes-nous pas trop psy ?
Non, car nous nous situons vraiment au niveau du « passage » dont a parlé R. Péran, entre un langage de sensations partagées avec la mère dans la première relation symbiotique et un langage grammatical et socialisé.

Nous parlons aussi de l’importance d’approfondir le travail théorique. Etre soi-même, certes, mais pouvoir réfléchir, prendre du recul.

Bon, dans le groupe, ça a fusé, c’était vraiment intéressant. Je ne me souviens pas de tout, mais je répèterais bien encore et encore ce genre d’expériences…

Alors en partant, nous répétons en Chœur

Pas trop sorcières
Mais très sincères
Aimantes juste ce qu’il faut
Contenantes comme il le faut
Un peu artistes
Et fantaisistes
Joueuses
Heureuses
Nous sommes les PRListes

Laurence Merlin, Orthophoniste PRL